Le cochon dit à la poule : “Les œufs, pour toi, c’est un engagement partiel ; le bacon pour moi, c’est un engagement total”.
Philippe Meyer

 

 Le monde change et il change de plus en plus vite. Pour faire face à ces changements, les entreprises et les hommes doivent s’adapter, de plus en plus vite. Faire évoluer ses méthodes, son organisation, redéfinir une vision, une stratégie est le lot des entreprises modernes. Pour y parvenir, il est crucial de mobiliser ses équipes, de les faire adhérer à cette nouvelle direction prise. Sans cet engagement, le changement est impossible.

Alors qu’en est-il de l’engagement au sein des entreprises ?

L’entreprise spécialisée dans les sondages Gallup a publié un état des lieux de cet engagement « State of the Global Workplace » et le résultat est sans appel : seul 13% des employés sont engagés.

Qu’est ce que l’engagement ?

Commençons par ce que l’engagement n’est pas : l’obéissance et le conformisme.
Le conformiste suivra le mouvement parce qu’il y est contraint. C’est la pression du groupe ou les règles imposées par son supérieur qui le poussera à changer sa façon de faire. Si on lui laissait vraiment le choix, il ne changerait rien. Le conformiste n’a à aucun moment embrassé la vision insufflée par son entreprise, il fonctionne par pure mimétisme et n’a que l’illusion du choix.

L’obéissance n’est pas l’engagement

L’expérience de Milgram a souhaité démontrer que des gens ordinaires peuvent causer une souffrance extraordinaire aux autres quand on le leur demande. Les participants se soumettent à une autorité jugée légitime et abandonne de ce fait leur propre responsabilité. Il faut donc différencier les actions d’un individu (qui peut effectivement appliquer les consignes à la lettre) et son libre arbitre ou sa propre volonté. Une personne qui obéit à un ordre contraire à sa propre volonté le fera sans motivation et n’aura aucun regard critique sur le résultat.
 

Le conformisme n’est pas l’engagement

L’expérience de Asch a souhaité démontrer que des individus peuvent être amenés à donner de mauvaises réponses à un questionnaire pourtant très simple pour se conformer à la réponse donnée par les autres participants. Le groupe influence l’individu qui perd ainsi, consciemment ou non, sa capacité à prendre ses propres décisions et potentiellement de bonnes décisions.

S’engager, c’est quoi ?

Le croisement entre les faits et la volonté fondent le véritable engagement. Une personne totalement engagée mettra tout en œuvre pour installer le changement et elle le fera non pas par soumission à une quelconque autorité mais par choix. Elle le fera car selon elle, c’est la meilleure chose à faire. La vision de l’entreprise et celle de l’employé atteindraient ici une sorte d’harmonie permettant de faire avancer le changement de façon efficace. Quand le conformiste appliquera à la lettre une consigne même incompréhensible à ses yeux, l’engagé sera attentif aux conséquences de la mise en place de ces nouvelles règles, et si nécessaire permettra de les faire évoluer pour mieux épouser la vision de l’entreprise.

Cette compréhension et cette responsabilité de l’individu vis-à-vis d’un projet commun avec son entreprise est bénéfique aux deux parties : l’individu qui est stimulé par la mise en place d’un projet en lequel il croit et l’entreprise qui voit son projet avancer.

S’engager implique donc un choix, une croyance suffisante en un projet, une vision qui va pousser un individu à tout mettre en œuvre pour permettre le changement. Cet engagement a un clair impact sur la performance d’une entreprise en termes d’absentéisme, de rotation de personnel, de défauts qualité, de productivité et de rentabilité.

Prenons comme exemple la limitation de vitesse à 50km dans une ville :
–    Une personne désengagé va dépasser la limite et se cacher des autorités ;
–    Une personne conformiste va respecter les 50 km ou les dépasser légèrement de façon à suivre la règle ;
–    Une personne engagée conduirait à 50km même si la limite de vitesse n’existait pas.

Stimuler l’engagement


Il est donc indispensable pour l’entreprise d’avoir des employés véritablement engagés qui épousent la vision souhaitée mais alors comment faire ?

Co-construire une stratégie claire et transparente

Aujourd’hui les employés cherchent à retrouver du sens dans leurs actions. Ils n’épouseront la ligne stratégique de leur organisation qu’à condition d’avoir été sollicités par leur direction. Impliquer ses employés dans la construction de sa stratégie est donc un bon moyen de les faire adhérer plus facilement et plus rapidement au nouveau projet.

Encourager

Encourager les initiatives qui permettent d’anticiper les changements, d’adapter des règles obsolètes tout en apportant de la reconnaissance à l’employé.  
Encourager le développement personnel en investissant dans les formations ou en laissant l’employé s’épanouir dans des projets parallèles.

Développer la collaboration

La communication au sein d’une équipe et entre les différentes équipes qui composent une entreprise est une condition indispensable pour s’adapter rapidement au changement et mener les projets au succès. Un employé se sentira également plus impliqué en sachant que son travail s’imbrique dans un projet commun qu’il comprend et contribue à faire avancer.

Changer les méthodes

Le changement est une opportunité pour une entreprise.

Il lui permet de suivre l’évolution des besoins de ses clients, de s’adapter pour continuer à croître. L’engagement est un formidable outil pour permettre ce changement et nous avons vu précédemment des moyens de stimuler cet engagement. Mais pour faire évoluer une organisation, pour faire évoluer les mentalités, il convient de faire évoluer les méthodes de travail. Les méthodes agiles qui amènent les hommes à communiquer, à collaborer de façon fluide favorisent l’engagement et soutiennent le changement, un changement qui devient positif autant pour les organisations que pour ses employés.

S’engager pour accompagner le changement

Une entreprise qui omettrait de développer l’engagement de ses collaborateurs prendrait le risque de voir sa vision déformée. L’engagé portera avec enthousiasme cette vision car il l’a fait sienne au contraire du conformiste qui ne fera que suivre des directives sans regard critique ni envie. Le désengagé quant à lui fera tout son possible pour freiner le changement.  

L’engagement est une brique essentielle pour amorcer les changements organisationnels mais il faut préalablement ancrer ces changements dans les comportements pour les pérenniser. La mise en place de méthodes agiles et innovantes va dans ce sens en proposant aux hommes une nouvelle façon d’appréhender le changement pour permettre aux organisations de le réaliser.